Comment le Kintsugi peut nous aider à mettre du beau sur nos cicatrices?

fêlures dorées

C’est un art né au Japon au XVème siecle qui permet de restaurer une poterie cassée. L’idée est de laisser les fêlures apparentes en les magnifiant. Cette méthode a un écho à la philosophie du wabi-sabi, une esthétique japonaise qui valorise la beauté dans l’imperfection et la simplicité. Le Kintsugi n’était pas seulement une technique de réparation ; il devint une manière de penser, une vision du monde où chaque imperfection est vue comme une partie intégrante de l’histoire d’un objet.

L’origine du Kintsugi remonte à la fin du XVe siècle, sous l’ère Muromachi (1336-1573) au Japon. Selon la légende, cet art est né d’un incident impliquant le shogun Ashikaga Yoshimasa (1436-1490). Ce dernier, ayant brisé son bol de thé préféré, l’envoya en Chine pour être réparé. Cependant, la réparation effectuée, qui consistait en de simples agrafes métalliques, ne fut pas à la hauteur de ses attentes. Déçu par le résultat, Yoshimasa demanda aux artisans japonais de trouver une méthode plus esthétique et respectueuse de l’objet. Ainsi, le Kintsugi vit le jour, avec l’intention de transformer les blessures de l’objet en un nouvel acte de création, où les cicatrices sont soulignées plutôt que dissimulées.

 Une laque appelée “Urushi”, mélangée à une poudre d’or, permet d’assembler les morceaux et de les imperméabiliser. Le temps de séchage peut durer jusqu’à une année.

Ainsi l’objet retrouve à la fois son utilité et sa beauté.

C’est un moyen de donner une deuxième vie aux objets voire même un nouveau sens car ce sont souvent des objets emplis d’Histoire et d’affects.

Aujourd’hui, il existe d’ailleurs des ateliers d’initiation à l’art du Kintusgi. On peut venir avec sa poterie cassée ou en briser une sur place afin de la restaurer! On peut ainsi redonner vie et utilité à des objets qui sont chers à notre coeur, remplis d’affects et qui sont souvent liés à une personne disparue.

Si ce sujet vous intéresse, je vous conseille le très beau livre de Jeanne Bénameur « la patience des traces ». Il est question d’un homme psychanalyste, un peu usé un peu perdu, qui un matin casse le bol que lui avait offert un ami très cher et disparu. Ce sera pour lui l’occasion d’un voyage au Japon, sur une petite île où il recollera les morceaux de son bol….et de sa vie.

L’art de la résilience

Il parait même que cette pratique très méditative serait thérapeutique car elle demande patience et concentration et permettrait de travailler symboliquement sur nos blessures. Elle demande patience, minutie et lenteur. Et dans notre monde qui va à 100 à l’heure, où nous voulons tout et tout de suite, nous oublions parfois que le temps de la guérison, de la résilience, prends du temps et demande patience et bienveillance envers soi-même.

C’est aussi un art qui célèbre l’imperfection, le droit à être différent, bancal ou fêlé. Plus besoin de cacher ses cicatrices ou ses accidents de la vie. C’est accepter de se montrer tel qu’on est aux yeux du monde mais aussi accepter soi-même de ne pas être parfait.

Un pot réparé ne cache pas son histoire, mieux encore il la sublime. Le Kintsugi ce sont les cicatrices mais aussi les rides de la peau. Pourquoi nous obstinons-nous, nous les femmes à vouloir les cacher alors qu’elles sont le témoin de notre chemin de vie?

Pour conclure, les vertus de cet art sont multiples pour le développement personnel

  • acceptation de soi et de ses failles
  • réduction du perfectionnisme
  • augmentation de la confiance en soi
  • concentration et patience
  • lenteur et appréciation du moment présent

Un exercice de journal créatif à la façon Kintsugi.

Il y a bien longtemps, au Vietnam, un vieux paysan vendait de l’eau au marché pour gagner sa vie.

Tous les matins il allait à la rivière remplir ses 2 pots puis il les accrochait à chaque extrémité d’un long bâton qu’il posait ensuite sur ses épaules toujours de la même façon: le pot fêlé à gauche, le pot intact à droite.

Un jour le pot fêlé demanda au paysan:

“Mais pourquoi me gardes-tu, à chaque trajet je laisse filer de l’eau sur le chemin. Tu perds de l’argent à cause de moi”.

Alors le paysan expliqua:

Ne vois-tu pas comment tu embellis ma vie et allège ma peine? Chaque matin quand je vais au marché, les épaules lourdes et douloureuses, je pose mon regard sur le bord du chemin à gauche et j’admire les fleurs qui ont poussé grâce à l’eau que tu as laissée échapper. La beauté rend mes pas plus légers et le chemin plus joyeux.

Ne vois-tu pas que, ce que tu crois être un défaut, une faille, je le considère moi comme un cadeau!

Retour en haut